Sur un espace en pente apparaissent deux personnages. Confrontés aux lois de la pesanteur, il leur faudra trouver un modus vivendi. Faute de quoi, c’est la dégringolade assurée.
Une surface oblique. Nue. Colorée. Une main qui surgit. Explore. Une seconde main maintenant. Même jeu. Au bout d’un moment, une tête et un corps. Alors commence l’exploration du territoire. Et l’expérimentation de l’équilibre. Pénible d’être à l’aise sur une pente, même si elle n’est pas savonneuse. D’ailleurs cela va se compliquer dès l’arrivée de deux nouvelles mains et d’un autre corps. À qui le territoire ? Au premier arrivé ? Au plus costaud ? Au plus rusé ? Les actes sont multiples de conquête, de repli, d’affrontement, de trêve, de méfiance et d’apaisement. La solution de la frontière, comme en Belgique, ne semble pas la meilleure. En effet, il y a toujours un des deux, souvent le même, qui s’arroge le droit de la modifier à sa guise. Les conflits reprennent. Parfois se calment. Mais nous sommes au théâtre. La corde qui sépare, encercle, divise, protège, constitue un bel outil visuel pour dessiner au sol des créatures épurées. Surgissent un poisson, un canard, une baleine et bien d’autres dessins pacifiques. Ensuite, d’autres gestes permettront la découverte des ombres chinoises, passe-temps créatif bien éloigné de l’artificiel des jeux électroniques. Puis le temps passe. La fatigue est là, il est l’heure du dodo. Oui, mais… comment ne pas glisser dans le vide tandis qu’on est assoupi ? Il y a alors l’assistance de l’autre, qui veillera sur son compagnon. Il doit ne pas dormir alors qu’il tombe de sommeil. Rien de tel, finalement, que de s’endormir dans les bras l’un de l’autre. Charmant, délicat, poétique, le duo Julie Antoine et Éric Drabs dans ce ‘Petit penchant’ séduit par ses gags, ses onomatopées, sa gestuelle et sa complicité.
Michel VOITURIER – Publié le 20 août 2014